Écologie | Pollution : un rapport sulfureux rendu public met Shell dans l'embarras
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Pollution : un rapport sulfureux rendu public met Shell dans l'embarras

Cecilia Beaudoin Publié par Cecilia Beaudoin - le 13 avr. 2018 à 00:00
industrie pétrolière © © Shutterstock

Un rapport rendu public début avril nous apprend qu'en 1988, Shell est déjà bien consciente des risques que son activité fait peser sur l'homme et sur l'environnement. Pourtant rien n'a été entrepris, à l'époque, pour tenter d'y remédier.

Une activité aux conséquences calamiteuses pour la planète

Le 4 avril 2018, un journaliste néerlandais spécialiste du climat et de l'énergie, a dévoilé sur le site internet ClimateFiles, l'intégralité d'un rapport qui plonge Shell dans l'embarras. Ce rapport interne et confidentiel du groupe Royal Dutch Shell, baptisé « The Greenhouse Effect » (l'effet de serre), remonte à 1988. On y apprend qu'en 1981, Shell se dote d'un groupe de travail composé de scientifiques chargés d'évaluer l'impact écologique lié à l'activité de l'entreprise. Ces scientifiques mettent en garde contre les effets délétères des gaz à effet de serre sur l'environnement. « Si le CO2 émis dans l'atmosphère est la conséquence de différents processus, la cause principale de son augmentation provient de la combustion de carburants fossiles : 44 % des émissions totales de CO2 proviennent de la combustion du pétrole, 38% de celle du charbon et 17% du gaz »

Le rapport prouve que la compagnie pétrolière a conscience, depuis plus de trente ans, des risques que son activité fait peser sur la nature et l'Homme. Dès les années 80 en effet, les scientifiques prévoyaient un réchauffement climatique de 1,3 à 3,3°C d'ici à 2070, avec son lot de conséquences : « changements significatifs du niveau des mers, des courants marins, des modèles de précipitations, de la météo, les plus importantes transformations jamais connues depuis 12.000 ans. Ces changements à la fois rapides et spectaculaires auront un impact sur l'environnement humain, les standards de vie futurs, les ressources en nourriture, et pourraient avoir des conséquences sociales, économiques et politiques majeures »

« Shell savait mais a néanmoins poursuivi son développement »

Les scientifiques missionnés dans les année 80 avaient pourtant prévenu Shell : « À partir du moment où le réchauffement climatique sera détectable, il pourrait déjà être trop tard pour prendre des contre-mesures effectives pour en réduire les effets, ou même stabiliser la situation (...). La combustion des carburants fossiles étant la source majeure de CO2 dans l'atmosphère, une approche au long cours est clairement souhaitable de la part de l'industrie de l'énergie qui cherchera à jouer son rôle avec les gouvernements et les autres acteurs afin de trouver les mesures appropriées pour lutter contre le problème ».

Depuis la publication de ce document confidentiel, Shell est la cible d'attaques sur Twitter, sous le hashtag #ShellKnew (Shell savait). Donald Pols, directeur de l'association Les amis de la Terre Pays-Bas, explique que malgré ce rapport alarmiste, « Shell a poursuivi ses activités d'extraction minière et gazière et investi des milliards dans la recherche et le développement de nouveaux combustibles fossiles ». Il menace d'attaquer le groupe pétrolier anglo-néerlandais en justice. « Le changement climatique est un défi majeur et complexe qui doit être adressé par les différents acteurs de notre société et non par les tribunaux », s'est défendu de son côté le groupe Shell. 

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