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Maires, ils mettent leurs villages en vente !

Anton Kunin Publié par Anton Kunin - le 19 févr. 2018 à 00:00
De nombreuses communes bénéficiant de mesures compensatoires ont un relief montagneux. © © Shutterstock

Depuis la deuxième semaine de février 2018, des annonces assez insolites fleurissent sur Leboncoin. Des maires de communes rurales « mettent en vente » leurs villages pour exprimer leur opposition au projet du gouvernement de leur couper des aides.

Les mesures compensatoires à destination des agriculteurs ont existé depuis 1976

Dans l’Aude, le Loiret, les Deux-Sèvres, l’Aveyron, le Gers ou encore les Pyrénées-Atlantiques, les maires de petits villages crient leur désespoir. La raison : le projet du gouvernement de revoir la carte des aides aux communes rurales où les conditions naturelles ne permettent pas d’avoir une agriculture avancée, soit en raison de la pauvreté des terres soit en raison du relief. Dans le langage bureaucratique, cela s’appelle « l’indemnité compensatoire de handicaps naturels » (ICHN).

Cette ICHN, 10.429 communes françaises la touchent depuis 1976. Et cela aurait pu continuer si la Commission européenne n’avait pas enclenché le processus d’harmonisation de ces aides à travers les 28 États de l’Union. Avant fin 2019, la Commission européenne entend donc obtenir des gouvernements de nouvelles cartes.

5.000 agriculteurs ne bénéficieront plus de mesures compensatoires

Et c’est là que le bât blesse, car si le nombre d'agriculteurs bénéficiant de ce type d’aides augmentera de 13% (62.500 contre 52.500 aujourd'hui), 5.000 d'entre eux devront en revanche quitter le dispositif. Les maires de ces communes « sortantes » sont donc vent debout contre ce remaniement.

« L’État a décidé unilatéralement de détruire cette agriculture familiale diversifiée qui fait la force de nos villages. Sans même prévenir ou consulter les paysans, la majorité des communes de ce secteur a été rayée de la carte des « zones défavorisées », explique l’un des maires désespérés dans son annonce de « mise en vente » sur Leboncoin. Un autre lui fait écho : « Suite à une série de décisions injustes des services de l'État et du ministère de l'Agriculture, belle commune à vendre de 13.5km² ». Et en guise de contact, le nom et le numéro de téléphone du ministre de l’Agriculture en personne !

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